Perdre son conjoint entraîne un deuil particulier au cours duquel il faut faire face, dans le même temps, à la mort de l’autre et à la disparition du couple 

Ce chagrin et la douleur s’estompent, le temps aidant, pour que la vie reprenne un jour son cours. 

Naturellement, le chemin vers la reconstruction passe par la confrontation à ses peurs et à sa souffrance. Et ce chemin est plus ou moins long et plus ou moins difficile pour chacun : il existe autant de deuils différents que de personnes. 

Néanmoins, il est important de comprendre que le processus de deuil a des conséquences sur le corps et la santé physique et psychique de celui qui reste, et qu’un accompagnement adapté pour apaiser la douleur peut s’avérer de mise. 

Le deuil de son partenaire : un deuil multiple 

En réalité, la disparition de l’être cher nous confronte à trois deuils : celui de la personne qui est partie, celui de l’être que nous étions en face d’elle ou lui, et enfin celui du couple que nous formions. La perte est donc immense ! 

C’est exactement ce à quoi sert l’amour, à forger l’identité du « nous », et la faire durer au fil des années. La mort de l’autre y met cruellement un point final. C’est pourquoi, avec la perte de l’être aimé, on perd également une partie de notre identité.  

Le seul gardien de cet amour et de son intimité (ses fondations, ses rituels complices) n’est plus.   

Perdre son conjoint, c’est ainsi faire face à une multitude de petits deuils sans cesse rappelés : la perte de toutes les premières fois vécues ensemble après la rencontre (quelquefois des dizaines d’années en arrière), mais aussi toutes ces nouvelles premières fois sans l’autre : la première nuit dans le lit vide, le premier dîner en solitaire, le premier Noël, les rituels perdus, etc. 

Accordez-vous du temps  

Même s’il ne règle pas tout, le temps joue pour le partenaire qui a perdu son conjoint.  

  • N’entreprenez pas de régler tous les problèmes administratifs dans les premiers moments. Même si l’on est tenté de s’activer pour ne pas sentir le manque et le vide, c’est souvent la meilleure façon de faire des bêtises avec des conséquences pour la suite. 

Si possible, déléguez plutôt à des personnes de confiance (famille, amis, notaire) la gestion des formalités et autres démarches qui demandent de réagir rapidement. 

  • Accueillez vos émotions, quelles qu’elles soient (colère, tristesse, culpabilité, etc.). Les refouler ne ferait qu’entraver le travail de deuil. 

Écoutez-vous et acceptez de mettre votre vie entre parenthèses pendant quelque temps si c’est ce dont vous avez besoin.  

À l’inverse, et sans culpabilité, ne refusez pas les invitations si vous pensez que cela vous fait du bien et vous permet d’avancer.  

Faites-vous aider  

La perte de l’être cher provoque une sensation d’une violence inouïe, et un cataclysme qui peut vous bouleverser sur le long terme.  

Aussi, il est plus que nécessaire, notamment lorsque l’on sent que l’on n’arrive pas à avancer dans son travail de deuil, de se rapprocher d’un cercle de parole ou d’un psychothérapeute 

En effet, si vous notez chez vous le type de comportement suivant, c’est qu’il est temps de vous faire aider : 

  • Vous avez des tendances hyperactives pour éviter de vous confronter à la réalité du quotidien ; 
  • Vous dormez et vous alimentez mal ; 
  • Vous vous sentez épuisé physiquement et psychologiquement mais n’osez pas partager votre ressenti par crainte du jugement des autres ; 
  • Vous êtes encore facilement submergé par vos émotions des mois ou des années après la disparition de votre conjoint ; 
  • Vous vous sentez enfermé dans votre douleur et vous commencez à perdre confiance en vous 

L’accompagnement par un psychologue ou un psychothérapeute

garantit une écoute sans jugement et vous permet, en miroir, de réaliser que vous avez le potentiel pour apaiser votre chagrin et réapprendre à vivre seul malgré l’épreuve que vous traversez.  

Un nouveau format d’échange, de discussion et d’entraide est apparu en France récemment : les « cafés mortels » ou « apéros de la mort ».  

Initié en 2004 par le sociologue suisse Bernard Crettaz, le concept des « cafés mortels » ou « apéros de la mort» consiste en un espace de liberté de parole, le plus souvent dans un bistrot, où chacun peut évoquer sans jugement et dans la convivialité son rapport à la mort et au deuil.  

Une version appelée « petites veuvries entre amies » (existe en visio) s’adresse tout particulièrement aux femmes ayant perdu leur partenaire de vie. 

Encadrées et animées par des spécialistes bienveillants, ces rencontres autour d’un verre se développent un peu partout sur le territoire.

(Crédit photo : iStock / Anna Shvets)