Les médecins décrètent la fin de vie d’un patient lorsque celui-ci ne peut plus être guéri par aucun traitement connu. Bien souvent, cette situation survient à la suite d’une longue maladie dégénérative comme un cancer ou Alzheimer, par exemple, ou bien après un accident ayant plongé la personne dans un coma profond. Si le patient ne peut plus prendre la parole ou semble ne plus comprendre ce que son entourage tente de lui dire, il reste possible de recourir à la communication non verbale : le regard et le toucher peuvent transmettre beaucoup d’intentions sans avoir à prononcer le moindre mot.

La fin de vie : un tourbillon d’émotions fortes

L’annonce de la fin de vie par les médecins constitue un moment extrêmement délicat et violent, tant pour le patient que pour son entourage. Une fois la confirmation que le malade ne peut guérir, toutes les parties impliquées doivent se préparer à le voir partir, tout en restant à ses côtés jusqu’à son décès. Cette situation fait naître beaucoup d’émotions très fortes en chacun, notamment chez le patient, qui voit peu à peu son identité, sa conscience de lui-même et sa place dans le monde changer. Sa relation avec ceux qui l’aiment se transforme, les rôles parent-enfant peuvent même se voir inversés, ce qui impacte inévitablement le mental de chaque individu impliqué. De même, lors de la fin de vie, le malade passe progressivement de l’état de personne active, debout, à celui de mourant, inerte et allongé. Cette transition, qui survient plus ou moins rapidement, s’accompagne de multiples émotions comme la colère, l’incompréhension ainsi que la tristesse. Dans cette phase qui précède son décès, le malade réalise souvent un bilan de son existence et s’efforce de lui donner un sens en se remémorant les moments importants de sa vie. Bien souvent, il tente aussi de mettre ses dernières affaires en ordre comme il le peut, afin de réaffirmer sa place dans le monde et de protéger ses proches. Là encore, ce processus le confronte à sa propre finitude, ce qui fait souvent émerger de fortes émotions. C’est pourquoi il semble primordial d’aider le patient à extérioriser ce qu’il ressent, même s’il ne parvient plus forcément à utiliser la parole : cette démarche lui permet de se sentir plus léger et de partir en paix.

Toucher, langue des signes et regards : l’importance de la communication verbale avec un proche en fin de vie

Selon le développement de la maladie, le patient peut voir ses facultés à parler ou à réfléchir réduites de manière plus ou moins rapide. Les affections comme Alzheimer ou la maladie de Parkinson endommagent les capacités cognitives et le malade peut vite oublier le visage de ses proches et ne plus réussir à parler. Dans une telle situation, il paraît primordial de trouver d’autres manières de communiquer avec lui, via la communication non verbale. Si la personne malade semble ne plus entendre ce qu’on lui dit, ou si elle ne peut répondre, il existe d’autres manières de lui transmettre un message, une information ou une intention. Pour commencer, le regard revêt une importance particulière. On parle également de la pratique du regard intentionnel, qui consiste à entrer en relation avec une personne simplement en lui souriant droit dans les yeux, pour lui communiquer de l’amour et de la bienveillance. Le toucher se révèle tout aussi crucial. En effet, prendre la main d’une personne, caresser ses cheveux ou ses épaules, contribue aussi à la rassurer et représente un geste affectueux reconnu très facilement, malgré la maladie. Par ailleurs, si le patient comprend la langue des signes, il semble judicieux de continuer à lui parler de cette manière, quand bien même il ne réussirait plus à la pratiquer lui-même. Cette démarche permet, encore une fois, de lui transmettre un message important et de le rassurer.

L’art thérapie pour aider le patient à exprimer ses émotions

En dehors de ces techniques de communication non verbale, l’art thérapie représente aussi une excellente manière d’aider les patients en fin de vie à exprimer ce qu’ils ressentent. Aussi appelée thérapie par les arts créatifs, cette pratique s’emploie depuis de nombreuses années et constitue une discipline à part entière, dispensée par des praticiens diplômés. D’ailleurs, en France, les sessions d’art thérapie doivent faire l’objet d’une ordonnance, délivrée par des soignants. Cette activité offre la possibilité aux malades de libérer leurs émotions de façon moins brutale que par la parole. Les participants aux ateliers d’arts créatifs se mobilisent physiquement mais aussi psychiquement, afin de produire des œuvres qui peuvent prendre diverses formes : sculptures, peintures, dessins, photographies, poèmes… Certains ateliers proposent aussi du chant ou de la pratique musicale. En plus d’aider les malades à extérioriser leurs émotions, la thérapie par les arts créatifs possède de nombreux bienfaits, à commencer par la sollicitation de plusieurs sens, notamment la vue, le toucher ou l’ouïe. Elle permet aussi de valoriser la personne et de booster son estime d’elle-même grâce à une activité créative, dans un moment et un espace qui n’appartiennent qu’à elle. Ces ateliers peuvent aussi se présenter sous un angle plus psychologique, en proposant, par exemple, aux patients de réaliser des cartes mentales visuelles, afin de mettre directement leurs sentiments en images.

Sources :

https://journals.openedition.org/communicationorganisation/2409

https://www.adecco.fr/medical/blog/2018/september/etablir-echange-patients-non-communicants

(Crédit photo : iStock)