Devenir aidant familial demande un investissement de temps, d’énergie, voire d’argent, colossal. Pour l’amour et le bien-être d’un proche en fin de vie ou en perte d’autonomie, les aidants dédient une partie de leur vie aux soins, à l’accompagnement quotidien du proche, et au soutien dont il a besoin. Face à cette montagne émotionnelle et organisationnelle, l’épuisement moral, physique et psychologique des aidants peut survenir. Pour lutter contre le burn-out, il est utile de répartir les tâches quotidiennes à effectuer entre les différentes personnes intervenant auprès d’une personne âgée dans le besoin. Que vous soyez aidant familial officiel, ou aidant naturel, optimiser votre temps vous permet tout simplement de préserver votre santé, votre mental, et votre condition physique. Comment faire, alors pour soutenir votre proche tout en luttant contre l’épuisement ? Voici quelques actions à mettre en place.

Mettre en place un relai avec le personnel soignant

Dans un premier temps, il est essentiel pour vous, en tant qu’aidants, de faire appel aux services proposés par l’état et la commune de résidence de votre proche âgé.

Les services à la personne sont des droits auxquels votre proche peut prétendre, plus ou moins importants selon la perte d’autonomie ou la pathologie de votre proche âgé.

Alors, chaque semaine, il ou elle peut bénéficier de quelques heures de ménage, de la visite d’un infirmier à domicile, du portage de repas le midi.

Les services mis en place correspondent à un nombre d’heures par semaine. Généralement, le personnel intervient des jours précis, à des horaires généralement fixés à l’avance et récurrents.

Alors, communiquer avec ce personnel devient essentiel :

  • Vous pouvez connaître leurs heures d’intervention au domicile de votre proche ;
  • Vous avez ensuite la possibilité de ne pas venir durant ces moments afin de laisser le professionnel travailler mais aussi créer un lien avec votre proche ;
  • Ce temps de répit vous permet à vous de vous reposer, de travailler, de vaquer à vos occupations, l’esprit léger car vous savez que votre proche n’est pas seul, qu’il reçoit de la visite chaque jour ;
  • En cas de souci, le personnel peut vous joindre ou laisser un mot dans un carnet mis à la disposition de tous au domicile de votre proche.
  • Une fois le planning récurrent adopté par tous, organisez-vous avec les autres aidants familiaux de votre famille pour vous répartir les jours de présence.

Créer un planning commun

C’est là qu’intervient le planning commun. Vous pouvez vous procurer un tableau blanc que vous placerez chez votre proche. Cela lui permet aussi d’avoir un repère et de savoir précisément qui vient quand.

Aussi, cela permet aux professionnels de s’organiser entre eux, ou avec vous, lorsqu’il y a une absence, un besoin particulier et ponctuel. Ils savent alors quel membre de la famille ils sont amenés à rencontrer tel jour de la semaine, qui ils doivent contacter si besoin, etc. Tout le monde peut se fier à ce planning partagé.

  • Indiquez précisément vos jours de visite, matin ou après-midi ;
  • Précisez quel membre de la famille peut être contacté tel jour (de sorte à vraiment prendre un jour de repos), un peu à la manière d’une astreinte. L’aidant ne vient pas mais reste joignable si besoin ;
  • Indiquez les événements familiaux, les rendez-vous médicaux de votre proche de sorte à prévenir le personnel à l’avance. Les soignants peuvent éventuellement habiller, préparer votre proche pour l’occasion, sans que vous ayez besoin de le faire ;
  • Venez voir votre proche quand le personnel ne vient pas : il aura ainsi plus de visites dans la semaine, chaque jour ;
  • Comptez sur ses heures de sieste pour vous reposer également : visitez votre proche lorsqu’il est en forme !

Effectuer des roulements

Entre les impératifs de la vie quotidienne, le travail, la vie de famille, le rôle d’aidant, votre planning est bien chargé. Si, par chance, vous êtes plusieurs aidants à intervenir auprès de votre proche, il peut être utile d’effectuer des roulements de temps en temps.

Le rôle d’aidant, bien qu’acte d’amour, demeure parfois contraignant. Et selon l’organisation mise en place, vous êtes peut-être amené à venir chez lui, vous occuper de lui, à des moments qui ne vous arrange pas, tout comme les autres aidants.

Alors, comme dans le monde du travail, effectuez des roulements ! Par exemple, pour les vacances d’été : une année sur deux, l’un part en juillet, l’autre part en août et inversement. Si vous êtes attitré aux courses un temps, échangez de temps en temps ! Alternez les heures de visite de temps en temps, rendez-vous service, facilitez-vous la tâche.

Cela a plusieurs avantages :

  • En cas d’absence éventuelle de l’un de vous, vous savez que l’autre sait gérer les courses, les soins, connaît le personnel. Il n’y a pas qu’un seul référent de confiance, alors tout est plus simple.
  • Vous rompez un peu avec la routine sans pour autant casser les rituels importants de votre proche âgé.
  • Vous êtes à l’écoute des besoins des uns, des autres, tout comme des vôtres, ce qui limite l’épuisement. Savoir que l’on peut “compter sur”, est déjà une charge mentale en moins.

Faire appel à une auxiliaire de vie

Si votre proche nécessite une présence plus importante au quotidien du fait de sa perte d’autonomie, il peut être utile de faire appel à une auxiliaire de vie mais aussi à une garde de nuit si sa santé le demande.

Ainsi, l’auxiliaire peut passer plusieurs fois par jour, matin et soir, par exemple, ou rester une bonne partie de la journée avec votre proche âgé.

Elle s’occupe de lui, lui prépare à manger, lui fait la conversation, joue à des jeux de société, part en promenade avec lui, l’habille, le lave. En bref, elle s’occupe avec attention de lui.

L’auxiliaire de vie devient presque un membre de votre famille, car elle assiste votre proche au plus haut point et fait partie de son quotidien.

Cette option est idéale, lorsque vous souhaitez par exemple partir en vacances, que votre travail est prenant, ou que vous n’avez pas la possibilité de passer tous les jours. Avec les autres aidants familiaux, vous pouvez donc vous relayer plus souvent, et prendre du temps pour vous.

Compter sur la famille

Enfin, ce n’est pas parce que vous êtes l’aidant officiel (ou non), attitré de la famille que les autres ne peuvent pas intervenir et l’aider aussi.

La communication demeure essentielle au sein du cercle familial lorsqu’un proche âgé est dans le besoin.

Pour éviter les conflits, il convient de mettre carte sur table, avec bienveillance, en trouvant des compromis permettant à tout un chacun d’être entendu, soutenu.

Peut-être que le week-end, certains membres de la famille peuvent prendre votre relais ? Ne serait-ce que pour passer un bon moment avec votre proche âgé, faire la conversation, sortir prendre l’air, etc. Utilisez le planning pour que tout le monde ait de la visibilité. Il suffit par exemple de s’organiser sur deux semaines, de sorte à ce que chaque personne vienne au moins une fois, et ce temps précieux vous permet à vous de vous concentrer un peu sur votre repos, vos besoins, votre famille !

Il est aussi question d’organiser des repas de famille, des célébrations importantes et sortir du cadre des soins, des tâches quotidiennes. Ainsi, vous liez l’utile à l’agréable en prévoyant des moments conviviaux si importants pour tous.

Le rôle d’aidant n’est pas évident. Pour continuer de prendre soin de votre proche, il est essentiel voire capital de prendre soin de vous aussi. Et pour cela, le travail d’équipe est idéal : avec les autres personnes investies auprès de votre proche, mais aussi le personnel intervenant à son domicile. Serrez-vous les coudes, pour le plus grand bonheur de votre proche âgé.

(Crédit photo : iStock – Morsa Images)