Perdre un être cher est une épreuve qu’il est difficile de traverser. Le deuil est un processus d’acceptation lent et douloureux que certains endeuillés transforment en force pour rendre hommage au défunt. Comment ? En menant des combats, divers et variés, en s’engageant dans une cause importante, en réalisant les projets de l’être qui n’a eu le temps de les voir mûrir. Eclairage.

Ouvrir une association

Lorsque le défunt perd la vie des suites d’une maladie grave, d’un accident ou d’un suicide dû à une problématique particulière (alcoolisme, harcèlement, etc), il arrive qu’une famille endeuillée fonde une association pour lutter contre ce qui a ôté la vie à l’être aimé.
C’est par exemple le cas de l’Association Laurette Fugain, qui a vu le jour après que Laurette, fille de Stéphanie et Michel Fugain, a perdu la vie des suites d’une leucémie. La famille de Grégory Lemarchal s’est elle-aussi impliquée dans une association en montant la fondation Grégory Lemarchal, qui lutte contre la mucoviscidose.
Il s’agit ici pour ces familles de transformer leur peine, parfois même leur colère face à l’injustice de la perte d’un être cher et plus particulièrement ici d’un enfant, en force pour mener un combat acharné contre les maladies.
En France, le financement des projets de recherche est un long parcours semé d’embûches. Le pouvoir public et les laboratoires ne financent que les projets ayant fait l’objet d’une publication dans un grand journal scientifique, qui aura elle-même demandé plusieurs années de travail. L’investissement dans la recherche est difficile, ce qui pousse les familles à lancer des associations pour :

  • Informer le plus grand nombre sur leur cause, parfois méconnue du grand public.
  • Générer des dons, indispensables pour faire avancer la recherche ;
  • Libérer la parole des malades, de leurs proches, autour de témoignages, d’interventions, de groupes de parole ;
  • Offrir plus de confort aux personnes hospitalisées mais aussi à leurs proches ;
  • etc.

Perdre un enfant n’est pas dans la logique des choses. Ces associations, montées par les familles des défunts, permettent alors aux parents, aux frères, aux sœurs, de tenir la tête hors de l’eau, de continuer à vivre, pour ceux qui se battent encore, et surtout, d’avoir encore un rôle à jouer sur terre.

Réaliser l’un des rêves du défunt

A la perte d’un proche, certains endeuillés font le point sur leur vie, mais aussi sur celle de l’être cher disparu. Lorsque cette disparition est prématurée, brutale, inattendue, le défunt n’aura pas eu le temps de réaliser ses projets ou rêves d’enfant.

Pour traverser le deuil, les endeuillés peuvent rendre hommage au défunt en réalisant l’un de ses rêves. Il peut par exemple s’agir de :

  • Faire le tour du monde ;
  • Faire un voyage humanitaire ;
  • Sauter en parachute ;
  • Nager avec les dauphins ;
  • Visiter un pays en particulier ;
  • S’engager dans une cause importante (protection animale, écologie, parité, etc) ;
  • Changer de métier ou obtenir un diplôme ;
  • Etc.

Une famille tout entière peut donc décider de réaliser l’un des rêves du défunt comme par exemple faire le tour du monde. Partir tous ensemble, pour honorer la mémoire de leur proche, parcourir le monde et laisser à chaque endroit un objet, un message, en l’honneur du défunt. Dans le cadre d’un voyage humanitaire, il peut aussi être question de raconter votre histoire, de transmettre le souvenir de l’être cher (par exemple s’il avait un talent particulier, un concept novateur entre les mains), ou tout simplement aider les populations rencontrées pour faire honneur au défunt. Certains proches ont parfois des prises de conscience quand ils perdent quelqu’un : ils veulent changer de vie, profiter, “vivre” vraiment, revenir à l’essentiel. Et c’est parfois dans les rêves du défunt qu’ils vont puiser la force de changer de vie : pourquoi pas se lancer dans la boulangerie, car l’être cher vous poussait toujours à passer votre CAP ? pourquoi pas écrire ce livre, dont vous n’aviez de cesse de parler au défunt ? Il peut aussi être question d’organiser une sortie en famille, et de faire quelque chose qui lui tenait à cœur : un saut en parachute car c’était son rêve et en le réalisant vous vous connectez par l’esprit et le cœur au défunt. Nager avec les dauphins et comprendre pourquoi c’était si important à ses yeux.

Il ne s’agit pas de réaliser les rêves du défunt en se les appropriant. En aboutissant les projets de vie, de cœur, de l’être cher décédé, vous créez un lien avec ce dernier, une connexion essentielle pour traverser le deuil. Vous faites en sorte que son souvenir reste, que sa mémoire survive au temps qui passe. Vous donnez de la valeur à son absence, vous touchez du doigt ce pour quoi il se sentait vivant.

Graver son souvenir dans du concret

L’une des peurs des personnes endeuillées est l’oubli. Oublier l’être cher, oublier sa voix, son visage, le son de son rire, l’odeur de son parfum.

Alors, lorsque survient le décès, les idées se bousculent. On souhaite faire quelque chose, tout de suite, immédiatement, pour s’assurer que le défunt ne tombera pas dans l’oubli.

Ainsi, les proches imaginent des projets pour que le souvenir de l’être cher perdure dans le temps :

  • Un tatouage pour marquer à jamais l’amour porté à cette personne. Une phrase qui signifie votre amour pour elle ou rappelle un moment clé de son existence, un dessin faisant écho à un souvenir, son prénom ou initiale, la date de sa naissance ou de sa disparition. Le tatouage est un acte qui doit rester réfléchi car il s’agit de marquer sa peau à jamais. C’est aussi un rappel, à portée de main, chaque jour, du souvenir d’une personne chère au cœur de l’endeuillé, un message de l’ordre d’une nouvelle philosophie de vie, suite à la perte.
  • L’écriture d’un livre biographique, d’une histoire : le temps passe mais les écrits restent. On sous-estime parfois le pouvoir des mots. Seul ou à plusieurs devant l’écran d’un ordinateur ou les feuilles d’un carnet de notes, il peut être question de rendre hommage au défunt en écrivant pour lui, sur lui. Il peut s’agir de raconter son histoire, son combat, ou de concevoir une fiction pour :
    • mettre des mots sur les émotions ressenties ;
    • procéder au travail du deuil par l’écriture ;
    • rédiger une histoire unique, chargée d’émotion ;
    • se réapproprier des moments de vie, des souvenirs ;
    • transmettre cet écrit de génération en génération.
  • Avoir un enfant et lui donner le prénom de l’être cher. Quoi de plus représentatif de l’amour porté à une personne disparue que de donner son prénom à la génération de demain ? S’il est déjà d’usage de transmettre le nom des grands-parents en deuxième et troisième prénoms, prénommer son enfant d’après un être aimé est une démarche chargée d’émotion. Assurez-vous d’avoir l’accord des proches principaux du défunt (parents principalement, frères/soeurs). Il ne faudrait pas que l’évocation de ce prénom créé un malaise, un sentiment d’injustice ou de rejet vis à vis du nouveau-né. Vous pouvez également annoncer le prénom par surprise si vous savez avec certitude que l’annonce sera bien reçue. Cela peut même donner naissance à de jolis prénoms, uniques, lorsque par exemple le défunt était un homme et l’enfant tout juste né est une petite fille. Vous êtes libres d’y ajouter des lettres pour féminiser ou masculiniser le prénom.

Les idées ne manquent pas quand il s’agit de faire honneur au défunt. Les proches endeuillés se voient investis d’une mission de cœur pour faire vivre le souvenir de leur proche malgré le temps qui passe et contrer la peur de l’oubli. Perdre un être cher est une épreuve et chacun doit pouvoir la traverser comme il le souhaite. Agir d’après les exemples cités ne rend pas le deuil de ceux qui n’ont pas la force de le faire, moins respectueux du souvenir du défunt. Faites ou ne faites pas, avec votre âme. Le plus beau souvenir du défunt, reste dans vos yeux.

(Crédit photo : iStock)