D’après une étude réalisée par l’Oxford Internet Institute, il devrait y avoir davantage de profils de personnes décédées que de personnes en vie sur Facebook d’ici 2070. Cette projection invite à réfléchir au sort de l’identité numérique après le décès. L’identité virtuelle survit à la mort d’une personne. Bien qu’il soit difficile pour chacun d’envisager à l’avance la fin de sa vie, l’application des règles de droit en vigueur ne reflète pas systématiquement les volontés d’un défunt. Il est donc nécessaire de formaliser clairement ses souhaits en avance pour que les proches puissent en être informés.

Le sort des données numériques post mortem

Lorsqu’une personne disparaît, sa vie numérique, elle, se poursuit, malgré le fait que cela touche au « droit à l’oubli », lequel impose une limite de temps dans le stockage d’informations personnelles. En l’absence de directive précise communiquée par le défunt, ses données peuvent errer sur la toile des années durant, d’où l’importance de s’en préoccuper de son vivant. Le cas contraire, c’est-à-dire en laissant ses comptes à l’abandon, les défunts laissent aussi la possibilité aux pirates du web d’usurper leur identité ou aux personnes malintentionnées celle de poster des messages malveillants.

De nombreux réseaux sociaux, moteurs de recherche et site Internet mettent toutefois à la disposition des héritiers un formulaire permettant de signaler un décès. A titre d’exemple, Facebook assure la suppression du compte lorsque la demande est effectuée par un membre de la famille proche du défunt. Le réseau social propose aussi de transformer le profil de la personne disparue en compte de commémoration sécurisé et d’en assurer la confidentialité.

Organiser sa mort numérique de son vivant

Chaque personne est en droit, de son vivant, d’organiser sa vie numérique après son décès. Il est par exemple possible d’énoncer ses consignes concernant la conservation, l’effacement et la communication de ses données personnelles. Une personne de confiance peut également être désignée pour en prendre connaissance et les exécuter.

C’est aujourd’hui aux notaires de conseiller leurs clients quant à la bonne transmissibilité de leurs données numériques et de leur préciser, entre autres, l’importance d’inscrire, de leur vivant, leurs identifiants numériques au sein de leur testament.

Mémoire en ligne post mortem : bonne ou mauvaise idée ?

Certaines plateformes ont pris le parti de faire perdurer les souvenirs d’une vie, une sorte de journal intime. On parle aussi des « gardiens numériques ». Bien que le sujet de la mort soit encore tabou en France, leur objectif est d’en prendre le contre-pied et d’offrir aux individus la possibilité de communiquer post-mortem : partager des photos, des vidéos, prévoir l’envoi de messages personnalisés à ses proches ou pires ennemis après sa disparition ou à des dates spéciales par exemple. Si pour certaines personnes, cela relève de l’impossible, c’est pour d’autres une forme d’héritage à transmettre à la famille.

Leurs expériences leurs ont appris un certain nombre d’éléments sur la vie. Ils souhaitent faire bénéficier leurs proches de leur expérience, peut-être les inspirer ou leur rappeler de bons souvenirs et continuer à vivre à travers eux. Ces sites offrent aussi la possibilité de laisser les mots de passe et les identifiants de ses comptes à des personnes de confiance, qui pourront, selon des instructions précises, les fermer ou les faire perdurer. Il est également possible de s’assurer que les héritiers soient personnellement informés de ce qui leur revient grâce au stockage de données financières, administratives et confidentielles, en bref : de gérer son héritage numérique et personnel.

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