Vous êtes aidant familial et prenez soin d’un proche âgé. Votre quotidien tourne majoritairement autour de votre parent, que vous souhaitez envelopper d’amour, de réconfort. Un être cher que vous voulez accompagner jusqu’au dernier instant, protéger. Votre intervention demeure essentielle à son bien-être, sa sécurité, son quotidien.

Le rôle d’aidant est un réel état d’esprit, un rôle que vous incarnez avec authenticité et intensité, pour l’amour de votre proche.

Selon l’AG2R, près de 40 % des aidants familiaux seraient en situation d’épuisement. Un chiffre qui risque d’augmenter face au vieillissement de la population quand on sait que 4 millions de personnes oscillent déjà entre leur vie professionnelle et leur qualité d’aidant auprès d’un proche. Trouver le juste milieu entre l’accompagnement et votre vie privée demeure essentiel pour rester en bonne santé physique et mentale. Mais pour cela, il est aussi indispensable de s’arrêter un temps, un temps précieux pour analyser la situation, penser à vous, réaliser une introspection, et vous questionner sur votre état. C’est là qu’intervient l’échelle de Zarit.

Qu’est-ce que l’échelle de Zarit ?

L’échelle de Zarit est un outil vous permettant de jauger votre degré d’épuisement mental, physique et moral. Il est alors question de s’intéresser à la charge financière, émotionnelle et physique que représente votre rôle d’aidant familial.

En résumé, il s’agit d’un questionnaire constitué de 22 questions auxquelles vous devez répondre. Il existe 5 types de réponses, toutes les mêmes pour chaque question :

  • Jamais – 0 pt
  • Rarement – 1pt
  • Quelques fois – 2 pts
  • Assez souvent – 3 pts
  • Presque toujours – 4 pts

Pour chaque question, entourez la réponse qui vous semble la plus adaptée à votre situation.

Une fois le questionnaire rempli, vous devez calculer vos points. Le résultat obtenu est censé vous aiguiller sur la charge mentale actuelle à laquelle vous êtes confronté.

Ce questionnaire peut être réalisé plusieurs fois, à des moments différents, pour garder un œil sur vos ressentis, vos émotions, et agir en conséquence.

Quelles sont les questions posées dans le cadre de l’échelle de Zarit ?

Les 22 questions de ce test sont les suivantes.

A quelle fréquence vous arrive-t-il de :

  • Sentir que votre parent vous demande plus d’aide qu’il n’en a besoin ?
  • Sentir que le temps consacré à votre parent ne vous en laisse pas assez pour vous ?
  • Vous sentir tiraillé entre les soins à votre parent et vos autres responsabilités familiales ou professionnelles ? 
  • Vous sentir embarrassé par les comportements de votre parent ? 
  • Vous sentir en colère quand vous êtes en présence de votre parent ?   
  • Sentir que votre parent nuit à vos relations avec d’autres membres de la famille ? 
  • Avoir peur de ce que l’avenir réserve à votre parent ? 
  • Sentir que votre parent est dépendant de vous ?   
  • Vous sentir tendu en présence de votre parent ?
  • Sentir que votre santé s’est détériorée à cause de votre implication auprès de votre parent ?
  • Sentir que vous n’avez pas autant d’intimité que vous aimeriez à cause de votre parent ? 
  • Sentir que votre vie sociale s’est détériorée du fait que vous prenez soin de votre parent ?
  • Vous sentir mal à l’aise de recevoir des amis à cause de votre parent ? 
  • Sentir que votre parent semble s’attendre à ce que vous preniez soin de lui comme si vous étiez la seule personne sur qui il puisse compter ? 
  • Sentir que vous n’avez pas assez d’argent pour prendre soin de votre parent encore longtemps compte tenu de vos autres dépenses ?   
  • Sentir que vous ne serez plus capable de prendre soin de votre parent encore bien longtemps ?   
  • Sentir que vous avez perdu le contrôle de votre vie depuis la maladie de votre parent ? 
  • Souhaiter pouvoir laisser le soin de votre parent à quelqu’un d’autre ? 
  • Sentir que vous ne savez pas trop quoi faire pour votre parent ? 
  • Sentir que vous devriez en faire plus pour votre parent ?   
  • Sentir que vous pourriez donner de meilleurs soins à votre parent ?   
  • En fin de compte, à quelle fréquence vous arrive-t-il de sentir que les soins à votre parent sont une charge, un fardeau ?           

L’Echelle de Zarit : quels sont les résultats possibles ?

Une fois le total des points calculé, intéressez-vous aux résultats.

  • Vous comptabilisez entre 0 et 20 points : votre charge est considérée comme faible voire nulle.
  • Vous comptabilisez entre 21 et 40 points : la charge qu’implique votre rôle d’aidant est légère et n’impacte que peu votre vie personnelle et votre équilibre.
  • Vous comptabilisez entre 41 et 60 points : votre charge est modérée, elle prend de la place dans votre quotidien mais vous parvenez tout de même à garder le cap, à maintenir un équilibre bien que vous soyez un peu fatigué, et pas mal pris par l’accompagnement de votre proche.
  • Vous comptabilisez entre 60 et 88 points : la charge qu’implique votre qualité d’aidant familial est sévère. Il est urgent de vous faire aider pour limiter l’épuisement auquel vous êtes visiblement confronté.

Epuisé, que faire ?

Le test réalisé, vous constatez que vous êtes en état d’épuisement assez inquiétant. Mais que faire ? Votre vous sentez investi d’un rôle important, d’une mission auprès de votre proche. Votre amour pour lui vous empêche d’envisager ne serait-ce qu’une seconde de l’abandonner et de cesser votre accompagnement. Faire une pause ? Vous culpabilisez déjà. Demander de l’aide ? Il en est hors de question. Pourtant, vous êtes au bord du burn-out. Il va falloir agir, et surtout prendre conscience que vous faites du mieux que vous pouvez.

1- Soyez aidé par la famille, les amis, les voisins de votre proche : osez demander de l’aide aux autres, pour vous épauler ou simplement prendre le relai une ou plusieurs fois par semaine. Il est essentiel de vous reposer, de prendre un jour OFF, pour ne penser qu’à vous, votre bien-être, votre santé.

2- Faites appel aux services à la personne : laissez des professionnels du métier prendre le relai sur le ménage, les repas, les soins apportés à votre proche. Infirmier à domicile, femme de ménage, portage de repas, auxiliaire de vie, etc. Des aides existent et peuvent véritablement vous soulager tout en offrant des services de qualité à votre proche. De plus, vous pourrez organiser vos venues en fonction de celles de ces professionnels de santé, et vous octroyer un peu de temps libre.

3- Prenez des congés : en tant qu’aidant, le droit au répit est valable. L’Etat vous aide financièrement à trouver une solution d’accompagnement pour votre proche âgé, le temps que vous puissiez partir en vacances, faire une pause, penser à vous.

4- Adaptez votre emploi à votre situation d’aidant : sachez que vous pouvez tout à fait demander à votre employeur de modifier vos heures de travail, de modifier votre rythme, votre contrat, pour aider votre proche en perte d’autonomie que ce soit temporaire ou dans le cadre de la fin de vie. Cette option vous permet de limiter le jonglage entre vie pro et vie d’aidant. La perte financière engendrée est un frein, évidemment, mais l’état propose des aides pour combler ce manque telles que l’AJPA par exemple.

5- Formez-vous auprès des associations d’aidants ! Peut-être ont-ils des conseils à vous adresser pour mieux envisager votre quotidien d’aidant ? Gagner du temps, rendre de simples formalités beaucoup moins prenantes, pénibles ? Quels sont les aides auxquelles prétendre ? Quel soutien pouvez-vous obtenir, de quels organismes ?

6- Participez à des groupes de parole : votre rôle unique est parfois peu compris par votre entourage. “Prends du temps pour toi”, “freine un peu”, facile à dire, un peu moins à faire. Votre implication émotionnelle quotidienne vous freine et le bien-être de votre proche prend le dessus sur le vôtre. Partager votre expérience avec d’autres personnes aidantes, les écouter, être écouté, soutenu, compris, voilà un soutien moral d’une grande importance. Vous libérez votre parole, vous créez des liens, vous vous sentez tout simplement moins seul, et cette sensation est un premier pas énorme de fait, pour VOUS.

7- Consultez un psychologue ou psychiatre en cas de besoin : vous sentez que vous ne parvenez pas à maîtriser la situation. Vos émotions se confondent, vous perdez pied et n’arrivez plus à voir le bout du tunnel. Consulter un psychologue est une idée intéressante dans ce cas de figure car encore une fois, vous libérez votre parole, vous tentez de comprendre l’importance de votre rôle, mais aussi l’importance de votre bien-être. Déculpabiliser, prendre conscience que vous faites de votre mieux, établir des limites, penser à soi, devenir votre priorité, autant de clés vers un soulagement général.

Prendre soin de vous est essentiel si vous voulez prendre soin des autres. 1 aidant sur 3 meurt avant son proche âgé, dans les trois ans suivant le début de la maladie. Alors, agissez pour votre proche, mais également pour vous. Vous n’avez pas besoin d’être parfait, vous n’êtes ni une machine, ni un super-héros. Ce que vous réalisez pour votre proche est un acte d’amour merveilleux, mais ayez également tout cet amour pour vous, votre bien-être, votre santé, votre moral, ces biens si précieux. En prenant soin de vous, vous prenez soin de votre proche.

(Crédit photo : iStock – Twenty47studio)