Le Ministère de l’Intérieur indique qu’en 2021, près de 300 personnes sont décédées sont les routes de France. Lorsqu’un décès survient sur la voie publique, ce sont les gendarmes, la police ou le maire, qui doivent alors prévenir les proches du défunt de sa disparition. Comment faire pour annoncer le décès d’une personne à ses proches dans ces circonstances ? Quels sont les conseils à adresser aux professionnels pour effectuer cette annonce dans les meilleures conditions possibles ? Explications.

Quels professionnels interviennent, à quel moment ?

Lorsqu’un décès survient sur la voie publique, l’usage veut que les forces de l’ordre, les gendarmes et le maire soient dépêchés sur place.

Si les causes de la mort du défunt semblent évidentes et naturelles, le maire lance alors la procédure de transfert du corps vers une chambre funéraire.

A noter :

  • La mairie avance les frais de transfert. La somme sera redemandée ensuite à la famille du défunt si celle-ci est solvable.
  • La mairie finance le transfert du corps en chambre funéraire pour le défunt si ce dernier n’a aucune famille, ne dispose d’aucune ressource. Ce sont les fonds récoltés grâce aux concessions funéraires, aux taxes, qui permettent à la municipalité de financer ce transfert.

Si l’origine du décès semble difficile à estimer, ce sont les forces de l’ordre qui prennent le relai pour envoyer le corps du défunt en chambre mortuaire (en établissements de soins), et plus précisément en unité médico-légale. Une autopsie permettra de déterminer les causes de la mort. Dans ce cas, le Procureur de la République est saisi et finance le transfert.

Les pompes funèbres se chargent alors d’intervenir pour enlever le corps. Deux cas existent :

  • Le corps est transporté en sac mortuaire ;
  • Le corps est mis en bière s’il est en trop mauvais état. Dans ce cas de figure, au plus possible évité pour ne pas alourdir la facture de la famille, une mise en bière dans un cercueil très simple est effectuée.

Attention : une fois la mise en bière réalisée, la famille ne peut plus reconnaître le corps.

Avertir la famille : quel professionnel en a la lourde tâche ?

Dans l’émoi, l’urgence de la situation, les esprits peuvent s’y perdre. Qui doit prévenir la famille du défunt ?

Dans la plupart des cas, cette lourde tâche est prise en charge par les gendarmes ou les forces de l’ordre présentes sur les lieux de la découverte du défunt.
Lorsqu’il s’agit d’une petite ville, il n’est pas rare que le maire annonce en personne le décès d’une personne à ses proches.

Bien entendu, cette tâche est rendue possible si le défunt dispose d’une pièce d’identité permettant de connaître son nom de famille, son prénom et de retrouver ses proches.

Annoncer l’impensable : se rendre au domicile des proches

En tant que policier, gendarme ou maire, vous savez qu’un jour, vous serez probablement confronté à l’annonce d’un décès survenu sur la voie publique. Crise cardiaque, accident de la route, accident divers de la vie courante, suicide, une vie peut être enlevée à tout moment.
Mais comment faire pour annoncer la perte d’une personne à des proches qui ne s’attendent absolument pas à cette nouvelle brutale ?

Il faut d’abord noter qu’un maire est en droit de demander à quelqu’un d’autre d’annoncer le décès d’une personne s’il ne s’estime pas apte à effectuer cette lourde démarche.
Ensuite, il est préférable d’annoncer, quand les conditions le permettent, le décès en personne aux proches plutôt qu’au téléphone. Si vous avez connaissance de la résidence des enfants, des parents, et qu’elle est située assez près, rendez-vous sur place. C’est une étape difficile pour vous, car vous serez confronté à la détresse soudaine d’endeuillés qui n’osent croire ce que vous leur annoncez. Mais c’est un passage crucial. En vous rendant sur place, vous replacez l’humain au centre de l’annonce brutale à effectuer. Ce contact se voudra rassurant pour la famille qui sera guidée par votre expertise des démarches à effectuer. Le choc sera terrible, les proches seront complètement perdus, démunis, vous serez leur repère à ce moment. Pensez à vous rendre au domicile des familles à plusieurs. Tous ensemble, vous créerez un climat de confiance, et vous vous soutiendrez les uns et les autres face à l’annonce à faire. Vous n’aurez pas le poids de la détresse des proches sur vos épaules uniquement.

Annoncer la mort d’un être cher : les quelques bons réflexes

Ayez des paroles douces, réconfortantes tout en étant très clair sur le décès. Tentez tant bien que mal d’aiguiller la famille. Qu’ils prennent tous le temps de se changer (si le décès est annoncé en pleine nuit), de boire un verre d’eau, de s’asseoir quelques minutes le temps d’encaisser la nouvelle et de faire face à l’amoncellement de formalités à réaliser. Demandez-leur s’ils ont besoin de voir un médecin (en cas de perte de conscience due au choc ou de réactions particulièrement intenses).

Vérifiez qu’aucun enfant n’est présent lors de l’annonce, qu’une personne peut venir épauler la personne tout juste prévenue afin qu’elle ne reste pas seule. Indiquez très clairement que le défunt est “décédé“, précisez les circonstances, et surtout si le corps est visible ou non par la famille.

Enfin, à l’air du numérique, conseillez-les de prévenir l’entourage dès que possible avant que l’annonce ne soit faite sur les réseaux sociaux et risque de choquer l’entourage proche du disparu.

L’annonce d’un décès précède alors la reconnaissance officielle du corps. Expliquez-leur ce qu’ils vont devoir faire, dans quelles conditions, et pour quelles raisons. Ce sera important pour eux, sans doute un peu moins choquant. Les professionnels en charge de cette triste nouvelle doivent être formés au préalable pour faire face à ces situations dramatiques. Une aide psychologique doit également être proposée dans le cas de découverte choquante, notamment lors du constat d’un suicide, pour aider les maires, forces de l’ordre, à faire, eux-aussi leur deuil.

(Crédit photo : iStock)