La France a été bercée par la monarchie dès 481, lors du règne de Clovis Ier, roi des Francs. Jusqu’en 1792, année durant laquelle la Convention nationale abolit la royauté, les rois français se sont donc succédés, selon l’ordre de succession imposé. Dès lors, la descendance directe d’un roi prenait le pouvoir, à savoir l’ainé des garçons, puisque les filles étaient exclues de cet ordre de succession au trône. Lorsqu’un monarque meurt, c’est donc tout un Royaume qui est en deuil. Les funérailles des rois de France sont devenues, avec le temps, de plus en plus fastueuses. Quels étaient les rites et coutumes lors des obsèques d’un roi en France ? Comment se déroulait la cérémonie ? Explications.

Les obsèques royales du Ve au VIIIe siècle

Du Ve au VIIIe siècle, la dynastie des Mérovingiens dirige la France, mais aussi une grande partie de la Belgique, de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la Suisse. Clovis est le premier roi des Mérovingiens.

A cette époque, les rois n’étaient pas sacrés par l’Eglise. Ils ne recevaient pas l’onction, rituel qui consiste à recouvrir une personne d’huile sainte. Les rois mérovingiens étaient simplement considérés comme les autres nobles de leur rang. Ils bénéficiaient donc des mêmes rituels que la Haute Société lors des funérailles.

Les obsèques mérovingiennes se voulaient simples : un noble prenait en charge la toilette funéraire du roi. Vêtu de ses plus beaux habits, le roi était ensuite installé sur un brancard en bois. D’autres hommes portaient alors le brancard jusqu’au lieu de sépulture, pour y déposer le défunt. Cette cérémonie réunissait les êtres chers du roi ainsi que les membres du Clergé.

Selon les écrits de Grégoire de Tours (538- 594), Clovis repose dans le sacrarium de l’église des Saints Apôtres de Paris. Mais les fouilles archéologiques n’ont jamais permis de retrouver la sépulture du premier roi de France. Les écrits datant de cette époque étant rares, les affirmations entourant les funérailles des rois mérovingiens reposent principalement sur ces trouvailles archéologiques.

Les funérailles des rois Carolingiens du VIIIe au Xe siècle

Lorsque le dernier roi des Mérovingiens meurt, à savoir Childéric III, la dynastie des Carolingiens veille désormais sur le territoire. Et le premier roi carolingien n’est autre que Pépin le Bref. En 751, Pépin le Bref reçoit l’onction de l’église ! C’est une première dans l’Histoire. Par cet acte religieux, le roi est sacré par l’église, rendant sa lignée la plus importante du royaume.

Pendant de nombreuses années, les funérailles carolingiennes ne semblent pas différentes d’autrefois. Les obsèques sont simples et n’ont rien de particulier compte tenu du statut du roi. Le peuple continue d’y assister.

Parmi les rois bien connus de cette époque : Charlemagne, qui perd la vie en 814.

Il faut cependant attendre le décès du roi Lothaire, en 855 pour qu’un changement opère dans les rites et coutumes funéraires du royaume de France. Lors de sa disparition, le corps du défunt roi repose sur son lit royal. S’il est vêtu de ses plus luxueux habits, les accessoires royaux sont aussi disposés à ses côtés à savoir son épée, son sceptre. Ces éléments ne sont autres que les insignes du pouvoir royal, appelés Regalia.

Tout roi porte une couronne. En revanche, celle-ci n’est pas restituée au défunt mais remis à l’homme d’église en charge de la cérémonie des funérailles. Il la porte sur la tête afin de rappeler à l’assistance que seule l’Eglise est habilitée à sacrer un roi.

Les rites et coutumes funéraires des rois capétiens du Xe au XVIIIe siècle

La dynastie capétienne débute lors de la mort du dernier roi carolingien Louis V, à la suite d’un accident à cheval. Puisqu’il n’a aucun héritier, la couronne revient à Hugues Capet en 987. Il s’agit alors du premier roi capétien.

Au fil des années, les obsèques deviennent de plus en plus réservées aux personnes les plus hautement placées dans la société. Dès lors, le peuple n’assiste plus aux funérailles royales, strictement réservées aux proches du roi, aux évêques, aux abbés.

Un rite semble émerger à cette époque. Le roi était transporté sur une litière royale. Il s’agissait d’un lit, généralement couvert, porté sur des brancards, par des hommes, dans ce cas précis. Ainsi, la litière royale était portée par les proches du défunt roi, voire son héritier direct. Cette première tradition a fait naître le métier de porteur funéraire au XVe siècle. Les porteurs sont des hanouars. Il s’agit d’un terme d’origine bretonne qui signifie littéralement “marchand de sel“. Ainsi, cette tâche leur était confiée tout simplement parce que leur métier les rendait physiquement aptes à porter de lourdes charges ! Mais en 1515, les choses doivent changer. Louis XII meurt. Son corps est serti de plomb, métal extrêmement lourd. Les hanouars ne parviennent pas à transporter le corps du défunt roi. C’est la naissance du chariot funéraire, facilitant l’acheminement du corps du défunt vers son lieu de sépulture.

Les funérailles de la monarchie au XVIIIe siècle

Avec le roi Louis XIV, le rayonnement du monarque est important. La monarchie de droit divin impose alors un respect assez exceptionnel au roi de France.
Louis XIV a instauré cette fascination pour la royauté, cette adoration. Et cela s’est ressenti tout au long du XVIIIe siècle, chez ses successeurs.

A cette époque, les funérailles pouvaient dès lors être qualifiées de funérailles royales à en juger les rites qui les entouraient. Le prestige et le pouvoir du roi étaient respectés même après son décès. Ainsi, le roi portait sa couronne, des gants blancs, ainsi que son anneau d’or, les Regalia, et des chaussures tissées d’or.

Pour la première fois, les rois étaient exposés à visage découvert, couronne vissée sur la tête. Cette coutume s’explique par la volonté de prouver la mort du roi au peuple, mais aussi de rassurer quand à son envol paisible vers l’autre monde. Cette exposition à visage découvert était uniquement possible lorsque le roi décédait à la basilique de Saint-Denis ou proche de la ville de Paris.

A l’époque, l’embaumement n’est plus pratiqué depuis le Moyen-Âge car les techniques apprises n’ont pas su subsister à travers le temps et ont été oubliées. Les vaines tentatives ne fournissaient que de mauvais résultats. Pour palier la décomposition du corps des défunts, des effigies sont conçues. Ce sont des sortes de masques réalisés en moulage, sur lesquels étaient peints les yeux ouverts du roi, ainsi que les traits de son visage les plus représentatifs. Des cheveux y étaient même collés pour rendre le visuel plus réel.

A quelques exception près, les rois de France ont tous été inhumés à la basilique de Saint Denis à Paris. Si les traditions funéraires ont été longues à s’instaurer dans la monarchie, elles ont toutefois fait naître bon nombre de coutumes toujours pratiquées de nos jours : les porteurs de cercueil, le transport des défunts à bord d’un corbillard, l’exposition du défunt.

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