Organiser des obsèques est une épreuve aussi douloureuse qu’exigeante. Entre les démarches administratives, la mobilisation des proches et le respect des volontés du défunt, le temps imposé par la loi pour préparer les funérailles peut sembler cruel. Jusqu’alors, la législation française obligeait à procéder à l’inhumation ou à la crémation dans un délai maximum de six jours, hors dimanches et jours fériés. Un cadre strict, souvent jugé contraignant par les familles endeuillées.

Face à cette réalité, le décret du 10 juillet 2024 est venu assouplir la réglementation, portant le délai légal à 14 jours calendaires. Une réforme qui soulève plusieurs interrogations : pourquoi ce changement ? Quels sont les conséquences pour les familles et les professionnels du funéraire ? Ce délai supplémentaire répond-il réellement aux besoins des proches en deuil ? Décryptons ensemble l’évolution qui touche directement des millions de Français chaque année.

Un délai rallongé pour soulager les familles endeuillées

Jusqu’à présent, la loi imposait un délai strict : les obsèques devaient se tenir au plus tard 6 jours après le décès. Un laps de temps qui ne prenait pas en compte ni les jours fériés ni les dimanches. Cette contrainte, bien que pensée pour des raisons d’organisation et de gestion des décès, s’avérait souvent problématique. En cas de décès à l’étranger, de famille éloignée géographiquement ou de rites religieux spécifiques, obtenir un délai supplémentaire relevait d’un véritable parcours du combattant administratif.

La réforme adoptée en 2024 vise ainsi à offrir aux proches un cadre plus souple, leur permettant de mieux organiser les funérailles. Désormais, les familles disposent de 14 jours à compter du lendemain du décès pour organiser la cérémonie. Cette prolongation inclut tous les jours calendaires, dimanches et jours fériés compris, supprimant ainsi la complexité du calcul précédent.

Les autorités ont justifié ce changement par l’augmentation des demandes de dérogation déposées auprès des préfectures. En effet, en 2022, près de 40 % des familles sollicitaient une extension du délai légal pour diverses raisons. Un chiffre révélateur de l’inadéquation de l’ancien cadre légal avec les réalités du deuil.

Une organisation des funérailles plus sereine

Avec ce nouveau délai, les proches ont désormais plus de temps pour organiser les obsèques sans précipitation. La préparation d’une cérémonie funéraire est un processus lourd, impliquant le choix du mode d’inhumation ou de crémation, la sélection du lieu, la coordination avec les pompes funèbres et l’annonce aux proches.

Le rallongement du délai permet aussi de mieux gérer les contraintes logistiques. Nombreux sont les cas où la famille est dispersée aux quatre coins de la France, voire à l’étranger. Avec un délai de 6 jours, les allers-retours étaient souvent précipités et compliqués à organiser. Désormais, les proches ont plus de marge pour se réunir dignement et dire adieu à leur défunt.

Certaines cultures et traditions religieuses nécessitent également un temps de préparation spécifique. Dans certaines confessions chrétiennes, une veillée funéraire est organisée avant l’enterrement. Dans d’autres traditions, comme le bouddhisme, des rituels de passage peuvent s’étendre sur plusieurs jours. L’assouplissement du délai légal permet de mieux respecter ces traditions sans contraintes administrative excessive.

Une réforme qui répond aux besoins des familles

Le rallongement du délai ne se limite pas à une simple question de logistique. Il a aussi un impact profond sur l’accompagnement du deuil. Les psychologues spécialisés s’accordent à dire qu’un décès brutal ou précipité laisse souvent les proches dans un état de sidération, les empêchant d’organiser les obsèques dans les meilleures conditions.

Le deuil est un processus long et les premiers jours après la perte d’un être cher sont souvent marqués par le choc émotionnel et les démarches administratives. Offrir plus de temps aux familles leur permet non seulement de mieux gérer la cérémonie mais aussi de débuter leur travail de deuil plus sereinement.

Par ailleurs, les professionnels du secteur funéraire saluent également cette évolution. Les demandes et les contraintes temporelles pouvaient représenter une source fréquente de tension pour les entreprises du secteur qui devaient parfois gérer plusieurs cérémonies en simultané, réduisant ainsi la personnalisation des obsèques. Avec ce nouveau cadre, elles pourront offrir un accompagnement plus adapté aux familles.

Quels impacts sur la conservation des corps ?

Allonger le délai d’inhumation ou de crémation soulève des questions sanitaires et environnementales. En effet, la conservation des corps devient un enjeu crucial dès lors que les obsèques sont repoussées. Pour pallier ce problème, les soins de conservation et l’utilisation de chambres froides dans les morgues sont devenus une nécessité. Aujourd’hui, plus de 80 % des familles décident de transférer le corps du défunt en chambre funéraire avant les obsèques. Avec un délai prolongé, cette proportion pourrait augmenter, entraînant des coûts supplémentaires pour les familles. En moyenne, la conservation d’un corps en chambre funéraire coûte entre 80 et 150 euros par jour, selon les établissements. Un point à prendre en compte pour éviter des charges imprévues.

Par ailleurs, certains experts mettent en garde contre le risque d’augmentation de l’empreinte écologique des funérailles, notamment en cas d’usage prolongé des chambres froides. En réponse, certaines entreprises du secteur développent des alternatives plus respectueuses de l’environnement.

Avec l’extension du délai d’organisation des obsèques à 14 jours, la législation française s’adapte enfin aux réalités des familles endeuillées. Cette réforme leur offre une marge de manœuvre bienvenue pour organiser des funérailles dignes en tenant compte des impératifs logistiques et émotionnels.

Si cette mesure allège la pression pesant sur les proches, elle n’est cependant pas sans conséquences : coût de conservation des corps, gestion des infrastructures funéraires et impact écologique sont autant de défis à relever pour assurer un équilibre entre flexibilité et contraintes pratiques.

Reste que, dans l’épreuve du deuil, chaque jour compte. Et si cette réforme permet ne serait-ce qu’à une seule famille de traverser cette épreuve avec plus de sérénité, alors elle aura rempli son objectif.

Source : https://top-beghin.com/conseils/lieu-repos-defunt/

(Crédit photo : iStock/RubberBall Productions)