A travers notre tour du monde et du temps des rites funéraires, nous nous sommes arrêtés sur les rites Antillais, mais aussi Asiatiques en passant par les rites musulmans et juifs. Aujourd’hui, tour d’horizon sur les rites funéraires du Moyen-Âge, période de l’Histoire se situant entre les Ve et XVe siècle. Quelle était la représentation de la mort à cette époque ? Comment enterrait-on les défunts ? Explications.

Les rites funéraires païens du Moyen-Âge

Durant le Moyen-Âge, deux pratiques funéraires subsistent : les rites païens principalement et chrétiens.

Ces rites païens se caractérisaient par ces coutumes :

  • Le défunt est enterré loin des habitations ;
  • Près de lui sont disposés des objets funéraires multiples, gages de son statut social : vêtements, armes éventuelles, mobilier ;
  • Des ossements d’animaux laissent penser que son animal de compagnie était enterré près de lui ;
  • Des urnes cinéraires ont été trouvées lors d’explorations archéologiques ce qui laisse penser que la crémation était une pratique courante ;
  • Il repose dans un sarcophage ou directement dans la terre.

Le rapport à la mort est différent de celui invoqué par le christianisme, qui s’impose alors de plus en plus. Dès le IVème siècle, il s’agit d’ailleurs de la religion d’état. Cela signifie qu’il s’agit de la religion imposée, d’une certaine manière, à la population.

Les rites funéraires chrétiens

La représentation de la mort va considérablement changer avec l’arrivée du christianisme. En effet, la mort est alors synonyme de tristesse, mais aussi de douleur puisqu’elle fait référence à Dieu, sur sa croix. Ainsi, l’Eglise garantit au défunt le salut de leur âme dans une société où les survivants ont peur d’être hantés par les revenants.

Ainsi, les rites sont amenés à évoluer, principalement par l’intervention de Charlemagne. Ce dernier est un fervent défenseur du christianisme et souhaite modifier les coutumes entourant les rites funéraires pour qu’ils soit en adéquation avec la religion d’état :

  • Les objets funéraires ne sont plus déposés dans les tombes au VIIème siècle ;
  • L’inhumation est obligatoire, car elle permettrait une résurrection (à l’image du Christ) ;
  • La crémation et les cérémonies païennes sont punies d’une peine de mort en 789 ;
  • Toutefois, crématiser les corps est un recours obligatoire lors des épidémies ;
  • Les défunts ne sont plus forcément enterrés loin de leur habitation puisque des cimetières apparaissent au sein des villes, près des églises et des hôpitaux ;
  • Le clergé et la noblesse ont leur propre lieu de sépulture, au cœur même des églises, alors qu’il s’agit d’une pratique interdite à l’époque ;
  • Les cimetières s’imposent comme des lieux publics.

La représentation de la mort change donc presque intégralement, en totale adéquation avec le christianisme. Aussi, voici les pratiques mises en place sur les défunt :

  • Les défunts sont déposés nus dans leur cercueil ou recouverts d’un linceul, la tête tournée vers l’est, vers Jérusalem ;
  • Les cercueils en bois deviennent la norme ;
  • Le type de sépulture dépend du rang social du défunt : la fosse commune (carré des indigents) est réservée aux plus pauvres. Les plus aisés de la population sont inhumés au centre des cimetières. Leur sépulture est recouverte de ce que l’on nomme un “gisant“. Il s’agit d’une sculpture en pierre représentant un individu couché. Ils reposent dans les premiers caveaux ou sarcophages.
  • Les défunts juifs profitent d’un lieu spécifique pour être enterrés selon leur foi ;
  • Les défunts devront peu à peu être enterrés dans des lieux de cultes, près des églises et non plus au bon vouloir des proches endeuillés.

Les rites funéraires et leurs limites

Nous sommes donc au Moyen-Âge, grande période de l’Histoire durant laquelle l’hygiène n’était pas celle que l’on connaît aujourd’hui ! Ainsi, enterrer les morts au sein même des villes avait de lourdes conséquences sur l’hygiène de vie, et la salubrité des communes.

A titre d’exemple, on décomptait environ 300 petits cimetières au sein même de la capitale française. Il faut donc s’imaginer les rats, mais aussi les odeurs, voir même pire : les épidémies (comme la peste) liées au rejets toxiques des corps en décomposition.

Alors l’Eglise décide de confier la gestion des funérailles et des défunts aux premières entreprises funéraires. Naissent alors à cette époque des professions que nous connaissons encore aujourd’hui :

  • Les pleureuses : ces personnes criant lors des funérailles, parfois contre rémunération, pour honorer le défunt et témoigner la douleur ressentie face à la perte ;
  • Les fossoyeurs : là pour creuser les tombes des défunts et organiser le cimetière ;
  • Les premiers conseillers funéraires : utiles pour organiser les obsèques des défunts selon les rites chrétiens imposés par l’Eglise.

Le Moyen-Âge semble donc être le point de départ de ce que nous appelons aujourd’hui les pompes funèbres ! Les coutumes entourant cette période de l’Histoire sont intrinsèquement liées au christianisme. La Mort fait peur, et tout est donc mis en place pour permettre aux défunts de reposer sereinement, sans hanter les vivants ! C’est aussi la transformation des nécropoles, héritage de l’Antiquité, en paroisse chrétienne !

(Crédit photo : iStock)