Cette année, nous avons parcouru le monde pour découvrir les rites funéraires de contrées plus ou moins lointaines. Toutes ont un point commun : rendre un hommage digne et respectueux au défunt pour lui permettre de réaliser son dernier voyage correctement. A l’occasion d’Halloween, nous vous proposons un voyage en Corée du sud, pour y découvrir les us et coutumes liées à la fin de vie. Décollage imminent.

Funérailles coréennes : trois jours de deuil, un maitre de cérémonie et des tenues traditionnelles

En Corée, la cérémonie mortuaire dure trois jours. Ce processus s’appelle d’ailleurs jang-lié-shik. Il faut savoir que chaque journée de funérailles correspond à une étape importante de la cérémonie. Tout au long des 72 heures de deuil, l’un des employés de la maison funéraire reste en lien avec l’un des proches du défunt à savoir le fils aîné ou le gendre ainé de ce dernier. Il tiendra alors le rôle de maître de cérémonie et recueillera les traditionnelles enveloppes, comportant de l’argent, remises par les invités.

Lorsque les proches du défunt entrent dans la maison funéraire, les employés leur transmettent des hanbok de couleur noire. Ce sont les tenues traditionnelles coréennes. Pour les hommes, il s’agit d’une veste courte et d’un pantalon (le baji) ample attaché aux chevilles. Par dessus, les coréens ajoutent une longue veste à manches très évasées, nommée durumagi. Les hommes peuvent porter un chapeau traditionnel, le gat.

Les coréennes en deuil, quant à elle, porteront une chima, une longue jupe enveloppante, et d’un chemisier, appelé jeogori. Elles peuvent elles-aussi ajouter un durumagi à leur tenue. Lorsqu’en deuil, elles doivent nouer un ruban blanc dans leurs cheveux.

Première journée des funérailles : le respect au défunt

Durant cette première journée, le défunt repose dans une maison funéraire. C’est ici qu’auront lieu les 72 heures de cérémonie mortuaire.

La maison funéraire choisie par la famille du défunt est composée de deux pièces distinctes. La première est vouée à l’accueil de l’autel en hommage à l’être cher disparu. La tradition coréenne veut qu’une grande photographie du défunt soit mise en place, entourée de rubans noirs. Des compositions verticales de fleurs de deuil blanches, nommées gouk-hoa, seront disposées autour de la photo, avec de l’encens voire de la nourriture dans certains cas.

La seconde pièce de la chambre mortuaire est réservée à l’accueil des personnes extérieures : les amis, les collègues de travail du défunt, etc. Dans cette pièce, ils peuvent tous se restaurer après être allés devant l’autel. Ils y consomment généralement du soju et du makgeolli.

Durant cette première journée, les proches du défunt sont invités à présenter leur respect à l’être cher disparu en deux temps : ils doivent allumer de l’encens et réaliser deux jeol, comprenez une salutation coréenne, signe de respect très fort. Pour réaliser le jeol, les coréens doivent s’agenouiller, mains et front au sol, à deux reprises. Les autres invités réalisent le troisième jeol devant la famille endeuillée. Ensuite, tous ensemble, ils inclinent leur buste à 45°.

Deuxième journée des funérailles : la mise en bière

Durant cette deuxième journée de deuil, le défunt est mis en bière. C’est-à-dire qu’il est placé dans un cercueil.
Pour ce faire, le défunt aura au préalable été lavé, rasé, coiffé, maquillé (pour les femmes). Il est vêtu de blanc. Les proches endeuillés viennent se recueillir près de lui une dernière fois avant que le corps du défunt ne soit recouvert d’un linceul et placé dans son cercueil.

Les endeuillés partagent ensuite un repas de deuil.

La troisième journée des funérailles : l’inhumation du défunt

En Corée du sud, l’inhumation reste la sépulture la plus choisie par les familles pour leur fin de vie. En revanche, la crémation, jusqu’alors très rare, commence doucement mais sûrement à faire son apparition dans les pratiques funéraires du pays.
Ainsi, au cours de cette dernière journée de deuil, le corps du défunt est inhumé ou crématisé. Dans le cadre de l’inhumation, le cercueil est enterré dans le caveau familial ou individuel, dans un cimetière proche de sa famille. Auparavant, les défunts étaient enterrés dans leur ville natale mais cette pratique tend à disparaître.

L’esprit de l’au-delà, le Jeoseung Saja

Dans de nombreuses cultures, il existe l’esprit de la Mort. En Corée, ce dernier prend le nom de Jeoseung Saja. Ce dernier ressemble à un humain. Il porte une tenue traditionnelle totalement noire, accompagnée d’un gat, le chapeau noir de deuil. Son teint est très pâle.

Le Jeoseung Saja n’est autre qu’un serviteur du roi Yeomna, seigneur du monde souterrain pour les Coréens. Ce dernier est voué à guider les âmes en fin de vie vers l’au-delà ! Il fait le lien entre la vie et la mort et permet le passage des défunts vers leur dernière demeure. La légende raconte que les personnes en fin de vie le voient. Ainsi, la représentation du Jeoseung Saja est très souvent présente dans les dernières demeures des Coréens : les hôpitaux, les lieux d’accidents, les pièces de la maison où le défunt a perdu la vie, etc.

Les rites funéraires coréens sont empreints de traditions. Trois jours durant, les proches du défunt vont le veiller avec respect, dans la coutume.
Les cimetières coréens sont extrêmement minimalistes. Aussi, pendant deux ans, les proches du défunt dineront ensemble à la date des funérailles de l’être disparu.

(Crédit photo : iStock)