Une cérémonie d’obsèques n’est pas toujours synonyme de tristesse et de désarroi. Dans certains Etats américains, comme la Louisiane, des hommages sont rendus aux défunts en musique : il s’agit des « jazz funerals » (funérailles de jazz en français).

Les « jazz funerals » pour célébrer la vie du défunt

A La Nouvelle-Orléans, la plus grande ville de la Louisiane aux Etats-Unis, les habitants aiment remplir les rues de musique lorsque des personnes décèdent. Il s’agit même d’une tradition funéraire locale : le « jazz funeral ». Typiquement, l’enterrement débute à la maison, à l’église ou à la maison funéraire, et se poursuit jusqu’au cimetière. Sur le chemin, les personnes endeuillées sont rejointes par une fanfare, un « band » (un groupe en français), lequel joue une musique d’abord solennelle. Après l’inhumation, celle-ci devient rythmée puis festive. Tout un chacun est invité à danser s’il le souhaite, y compris les passants, à condition de rester respectueux. C’est ce que l’on appelle la « second line » (seconde ligne en français).

L’orchestre se compose communément de cuivres (tuba, trombone, trompette et percussions). Les compositions les plus utilisées par les orchestres sont « Didn’t He Ramble », « Nearer My God to Thee » ou encore « When the Saints Go Marching In ». Si la plupart des « jazz funerals » concernent des musiciens, les personnes lambda peuvent également en faire la demande.

Accompagner la personne décédée et sa famille en musique

Cette coutume funéraire musicale vise à célébrer les obsèques dans une ambiance plus joyeuse. Les musiciens commémorent la vie du défunt, tout en lui rendant hommage de façon vivante et en témoignant de leur soutien aux proches. Comme l’a un jour précisé Sidney Bechet, un célèbre trompettiste de jazz de la Nouvelle-Orléans : « Ici, la musique fait autant partie de la mort que de la vie ».

Cette manière unique de célébrer la vie du défunt est d’ailleurs parfois illustrée dans les films, comme « Live and let die » de James Bond (1973), ou dans la série américaine « Treme ». Néanmoins, plutôt que d’utiliser le terme de « jazz funeral », les habitants de la Nouvelle-Orléans lui préfèrent celui de « funeral with music » (funérailles avec de la musique en français) car les compositions jouées ne sont pas uniquement du jazz.

Les « jazz funerals », une tradition ancestrale

A La Nouvelle-Orléans, la musique est reine et les « jazz funerals » font partie intégrante de la culture locale. Il ne se passe pas longtemps sans voir des néo-orléanais défiler derrière un orchestre. Il s’agit même d’une tradition ancestrale, héritée des influences africaines des premiers esclaves (rites funéraires des peuples dahoméens du Bénin, des yoruba du Nigeria et des autres peuples d’Afrique de l’Ouest). Ont ensuite été ajoutées des traditions de musiques militaires françaises et espagnoles, et enfin des influences culturelles afro-américaines uniques réunies en Louisiane et plus précisément à la Nouvelle-Orléans.

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