Les préoccupations émergentes concernant l’impact environnemental poussent les individus à se tourner vers des alternatives écologiques pour gérer les obsèques. Parmi celles-ci, la résomation émerge comme une solution innovante. Cette méthode, qui consiste à dissoudre les corps dans une solution aqueuse à haute température, offre une alternative à l’inhumation et à la crémation, deux pratiques souvent considérées comme polluantes.
La résomation : de quoi s’agit-il ?
La résomation (ou son nom scientifique l’hydrolyse alcaline) est un procédé consistant à dissoudre le corps humain dans une solution aqueuse à haute température. On parle parfois aussi de crémation par l’eau, de biocrémation ou d’aquamation. Très concrètement, le corps est plongé dans une cuve en acier inoxydable remplie d’un mélange composé d’eau chauffée et d’un produit alcalin. Ceci permet la dissolution des tissus organiques au bout de quelques heures, laissant seulement les os sous forme de poudre.
Initialement, ce procédé était utilisé pour dissoudre les carcasses d’animaux. La technique a ensuite été reprise dans les abattoirs pour se débarrasser des corps des animaux et éviter l’émission d’agents infectieux responsables de certaines maladies. L’usage de la résomation à but funéraire n’est autorisé que dans certains pays, à l’instar de l’Australie, du Canada ou encore de certains États américains.
Quels sont les avantages de la résomation ?
La résomation présente plusieurs avantages notables, particulièrement en termes d’impact environnemental. En effet, elle utilise beaucoup moins d’énergie que la crémation traditionnelle, qui nécessite des températures très élevées. Le processus de résomation se déroule à des températures modérées (environ 180 °C contre environ 850 °C pour l’incinération), ce qui entraîne une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre. De plus, la crémation libère des substances polluantes, ce qui n’est pas le cas de l’aquamation (aucune émission toxique). Par ailleurs, le procédé est souvent perçu comme moins agressif par les familles, car il n’implique pas de combustion ni d’odeur.
Les avantages environnementaux par rapport à l’inhumation sont là aussi appréciables. La première nécessite l’utilisation de terre, de cercueils, de pierres tombales et souvent de produits chimiques pour la conservation des corps, alors que la résomation n’a besoin d’aucun matériau supplémentaire. Enfin, la résomation ne nécessite pas de terrain pour l’enterrement, ce qui peut constituer un atout dans des régions où l’espace pour les sépultures se fait rare ou coûteux.
Quels sont les inconvénients et les limites de la résomation ?
Bien que ses avantages soient nombreux, la résomation comporte également certaines limites. Pour commencer, il s’agit d’une technique funéraire relativement peu connue et qui n’est pas disponible partout. En France, par exemple, elle n’est pas autorisée. La méthode est encore perçue comme novatrice et non conventionnelle dans plusieurs cultures, ce qui peut créer une certaine réserve, voire des réticences de la part des proches, plus familiers avec des pratiques classiques comme l’inhumation ou la crémation.
A côté de cela, le procédé a un coût. Les tarifs de la résomation sont variables en fonction des pays et des prestataires mais selon le site MetLife, il faut compter entre 350 et 2 850 €. Le processus exige en outre des équipements spécialisés donc coûteux, ce qui peut poser un problème aux établissements funéraires devant investir dans ces technologies. Enfin, la résomation est un processus long (plusieurs heures) et les restes du défunt obtenus (principalement de la poudre d’os) peuvent être perçus comme moins tangibles comparativement aux cendres issues de la crémation traditionnelle. En bref, la résomation soulève évidemment des interrogations, mais elle ouvre aussi des portes sur une réflexion plus large concernant les pratiques et rites funéraires.
(Crédit photo : iStock / Elizabeth Fernandez)