tourisme généalogique - vieille revue

Retrouver la trace d’un parent ou connaître son passé familial suffit parfois a démarrer les recherches pour établir son arbre généalogique. Si elle relève de la simple curiosité pour certains, la généalogie est avant tout un métier.

Méconnue pour beaucoup, la profession de généalogiste peut pourtant révéler des secrets d’histoire et de famille. Loïc Duchamp, autoentrepreneur généalogiste familial diplômé d’un DU Généalogie et Histoire des Familles à l’Université de Nîmes, et fondateur de la première Association de tourisme généalogique en France, Move Your Tour, nous en dit plus sur ce qui mêle généalogie, patrimoine et tourisme.

En quoi consiste le tourisme généalogique ?

Loïc Duchamp : Ce concept vient initialement des États-Unis, puis s’est démocratisé en Espagne et en Italie, il apparait petit à petit en France. Le tourisme généalogique va plus loin que la généalogie classique. Il s’agit d’aller directement sur les traces des ancêtres décédés et leur rendre hommage en proposant des circuits touristiques sur des personnalités connues à leur époque et qui sont bien souvent tombées dans l’oubli. L’idée est principalement de revaloriser des personnalités locales et faire du tourisme de mémoire au travers des traces de nos familles.

Qu’est-ce qu’un circuit de tourisme généalogique ?

Loïc Duchamp : Dans la plupart des cas, les familles souhaitent visiter la tombe de leur ancêtre et découvrir son parcours de vie. A partir de là, nous établissons directement un circuit en mettant en avant la maison familiale, le cimetière, l’Église, toutes les anciennes traditions, les ateliers s’ils existent toujours, les établissements qu’aurait pu tenir l’ancêtre comme un hôtel par exemple… Par ailleurs, nous incitons les familles à prendre en photo la tombe lorsque celle-ci existe toujours, afin de pouvoir garder le lieu en mémoire.

Pourquoi avoir créé l’Association nationale du tourisme généalogique ?

Loïc Duchamp : C’est avant tout pour valoriser cette forme de tourisme et faciliter l’accès au voyage généalogique. L’association permet d’avoir un réseau d’ambassadeur au niveau national, même si cela existait déjà au niveau local. On le développe un peu partout en France, de la Normandie à l’Ardèche, en passant par Paris, et même à l’étranger (Allemagne, Belgique, Italie du Nord, Catalogne, Suisse…) puisque les origines n’ont pas de frontière. On peut très bien découvrir que nos aïeux ont émigré depuis les États-Unis, ce qui n’est pas rare.

Comment remonte-t-on le fil des informations ?

Loïc Duchamp : On pense principalement aux archives numérisées, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, il faut aller au-delà en se déplaçant pour fouiller dans les archives départementales physiques et notariées. On peut aussi avoir recourt aux archives nationales, et les récits historiques ont souvent une véritable valeur ajoutée. Il ne faut pas d’autorisation particulière puisque les archives de plus de 75 ans sont communicables.

Les données historiques n’étant pas toujours certaines, est-il possible de faire une erreur ?

Loïc Duchamp : Il faut rester méticuleux vis-à-vis de toutes les données historiques. Les erreurs peuvent intervenir dans des cas très rares, principalement lorsqu’il existe des homonymes. C’est d’autant plus vrai qu’historiquement il y avait très peu de noms différents, on pouvait se retrouver avec des compositions identiques d’une famille à une autre, aussi bien pour le mari, la femme et les enfants, alors qu’elles n’ont aucun lien entre elles. Dans ce cas, il s’agit d’émettre des hypothèses concernant la généalogie ascendante.

De même, l’orthographe n’étant pas défini, le patronyme peut différer dans certaines familles en remontant les branches. Il faut faire des recoupements pour trouver les bonnes informations.

Avez-vous des anecdotes marquantes ?

Loïc Duchamp : C’est un métier qui est tout sauf chronophage, on découvre toutes sortes d’informations anecdotiques. Grâce aux récits d’historien, j’ai pu découvrir que j’avais moi-même un aïeul homme d’armes de François 1er, un bras droit épouse d’une descendante de la branche du Seigneur du Dauphiné : Berlion de Chastellard. Bernard Henri Sigaud, époux de Louise du Palais, est mort la veille de la victoire de Marignan, le 14 septembre 1515. Autre anecdote, j’ai découvert qu’une aïeule d’un client, veuve à 37 ans, avait trois liens de parenté différents avec l’homme qu’elle a épousé en seconde noce, qui avait quant à lui 80 ans. Mais encore, d’autres recherches vont permettre de découvrir que des aïeux sont disparus dans des conditions très particulières, des meurtres, des guerres, un accouchement tragique

(Crédit photo : Source gallica.bnf.fr / BnF)