Isolement et restrictions de visites, contaminations en nombre… la situation dans les Ehpad devient, à l’approche du pic de la deuxième vague, aussi inquiétante que lors du confinement. Le point sur cette gestion difficile en période de crise.

Des contaminations accrues

Depuis le début de la crise sanitaire, plus de 40 000 cas ont été confirmés chez les résidents en Ehpad, comptabilisant également près de 15 000 décès. En France, ils représentent alors près de la moitié des victimes du coronavirus. Si des mesures ont pourtant été appliquées depuis la fin du confinement, nos aînés ne sont pas épargnés. La recrue-d‘essence de cas positifs de la deuxième vague est avérée dans ces établissements spécialisés, particulièrement depuis début octobre et notamment sur une partie du territoire français, la côte ouest, qui a globalement connu peu de décès de la Covid-19 au premier pic.

Les seniors peuvent aussi être asymptomatiques, mais les contacts entre résidents auront une issue plus critique. Selon Santé Publique France, le dépistage des résidents n’est aujourd’hui recommandé qu’à partir de 3 cas suspects au sein d’un Ehpad, or le dépistage est crucial « compte tenu de l’impact potentiel de ce virus chez les personnes agées ». D’après leur analyse d’un rapport londonien, « un dépistage systématique et régulier couplé à une surveillance renforcée » permettrait de minimiser les contaminations en leur sein.

A l’approche de l’hiver, il ne faut pas non plus oublier que la grippe pourra elle aussi se propager. Cette année, la campagne de vaccination anti-grippe a non seulement vocation à freiner le nombre de malades mais aussi à éviter l’engorgement des hôpitaux déjà chargés par les patients en réanimation de la Covid-19.

Maintenir le lien social

Lutter contre l’isolement des personnes âgées signifie aujourd’hui protéger sans isoler. En effet, après des mesures prises dans l’urgence au moment du confinement, qui ont pu se montrer dramatiques pour les familles, l’heure est à la prévention des risques et à la préservation du lien social autant que possible. A ce titre, le gouvernement a déployé le 1er octobre 2020 un nouveau plan de lutte contre l’épidémie dans les établissements médico-sociaux hébergeant des personnes à risque de forme grave. Ceci inclus les personnes âgées et les personnes placées dans les unités de soins de longue durée (USLD).

Le document indique un certain nombre de mesures concernant la circulation au sein des établissements, les sorties et visites extérieures, l’hygiène, mais aussi leur gouvernance et organisation. Des principes généraux sont rappelés, notamment celui d’ « éviter au maximum le confinement en chambre en le limitant aux situations exceptionnelles », les activités collectives restent autorisées en petits groupes et il revient à chaque établissement de décider des aménagements possibles selon leur situation. Par ailleurs, il est recommandé de maintenir le lien avec les proches et d’éviter toute rupture d’accompagnement médical en conservant les visites des bénévoles et professionnels libéraux. Plus spécifiquement, pour les établissements situés dans une zone de circulation active du virus, le nouveau plan préconise « de réactiver les visites sur rendez-vous », de prévoir un espace dédié ainsi que des garanties : l’organisation de plage horaires dédiées, le recueil des priorités du résident, une communication régulière avec les familles…

Le confinement a montré l’importance du maintien du lien social et les effets négatifs qu’il pouvait générer pour les résidents en Ehpad lorsqu’il est rompu. Des associations comme les Petits Frères des Pauvres, qui lutte contre l’isolement et la solitude des personnes âgées, soulignent à ce titre qu’il est possible de garder le lien « coûte que coûte » avec nos ainés, par téléphone mais aussi au travers d’une vitre.

(Crédit photo : istock)